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Un Bulldog Continental à l’Hopital

Rodin des Belles Truffes est mon compagnon de route depuis maintenant 3 ans et demi. Avec lui, j’ai découvert un lien unique. Depuis le jour de son arrivée, ce lien entre nous n’a cessé de grandir, jusqu’à devenir fusionnel. Gentil, pot de colle, un brin « têtu », à la fois sportif et « pépère », ayant du caractère et des capacités d’apprentissage certaines (s’il y voit un intérêt) : voilà ce qui le qualifie.

 

Je m’appelle Caroline et je suis assistante sociale en service de Soins médicaux et de Réadaptation (SMR) et en service de Médecine. Les patients sont essentiellement des personnes âgées, voire très âgées, issues d’un milieu rural et semi rural. Auparavant, j’ai travaillé en service de psychiatrie. Mon expérience faisant, j’ai réfléchi et fait des recherches sur l’impact de certaines approches alternatives permettant de diminuer les angoisses, le stress et donc les traitements médicamenteux.

 

C’est donc naturellement, parce que c’était lui, que j’ai éprouvé l’envie voire le besoin de faire de la médiation animale. Sa présence à mes côtés m’a fait prendre la mesure des choses : un animal, par sa présence, par son regard, par son non jugement, pas sa gentillesse, par sa spontanéité, guérit bien des maux.

 

La médiation animale est définie par Zoothérapie Québec comme « une approche globale qui repose sur le principe fondamental voulant qu’il existe naturellement des liens entre l’humain et l’animal. C’est à partir de l’attrait que l’animal exerce sur la personne et de sa capacité́ à la stimuler que sont conçues les activités de zoothérapie.[…] à l’aide d’un animal soigneusement sélectionné́ introduit par un intervenant qualifié auprès d’une personne chez qui l’on cherche à susciter des réactions visant à maintenir ou à améliorer son potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif.».

 

Plusieurs de mes collègues ont été séduits par cette idée : le diététicien (également éducateur canin et en cours de formation de comportementaliste), l’infirmière hygiéniste, les infirmières, aides-soignantes et ASH de l’hôpital, l’équipe de rééducateurs, la cadre des services SRM et de médecine, une des médecins de SMR. Ils m’ont soutenue et encouragée dans ce projet. J’ai pu suivre une formation en juin 2023. La responsable est vétérinaire et comportementaliste canin. Rodin n’est donc pas un chien de travail mais un chien d’accompagnement social. Il a été évalué par le Dr Mélanie MARTIN-TESSEYRE, que ce soit seul ou en situation professionnelle dans un EHPAD. Il a été déclaré apte, ayant une capacité d’adaptation certaine pour des telles interventions. C’est elle qui assure son suivi vétérinaire et qui réévalue son comportement chaque année.

 

Mais attention, l’animal n’est pas ni un médicament, ni un thérapeute. C’est un médiateur placé sous la responsabilité de l’intervenant professionnel en médiation animale. Pratiquer nécessite d’avoir une formation spécifique, des connaissances sur les pathologies mais aussi un métier de base. Pour les animaux médiateurs, il existe des normes préétablies d’hygiène, de santé, de comportement et d’éducation. Il s’agit d’une triangulation nécessitant des connaissances de la lecture de l’animal et des problèmes vécus par les patients. Des règles élémentaires de prudence, d’éthique et de sécurité doivent être observées.

 

Au commencement, en accord avec la direction, Rodin est venu un jour puis deux jours par semaine au CH de Billom. Il m’accompagnait au bureau, il était présent lors de mes entretiens et interagissait sur des moments informels avec mes collègues et quelques résidents de l’EHPAD. Cela m’a permis d’observer sa façon de se comporter mais aussi de mesurer ce qu’il pouvait apporter à la relation d’aide que je noue avec les patients et/ou leurs familles. Dès le premier jour, j’ai pu constater « l’effet Rodin » sur la communication, le stress et l’anxiété des patients et de leur famille mais aussi le sentiment de bien-être pour certains soignants. Puis au fil du temps, nous avons également travaillé en collaboration avec la kinésithérapeute, l’ergothérapeute et la professeure d’Activité Physique Adaptée (APA). Les résultats ont été probants. L’investissement dans la rééducation, les progrès, la diminution de la douleur, l’envie de faire les choses, voilà ce que Rodin a permis, par sa simple présence parfois, par son interaction avec le patient à d’autres moments.

 

Depuis maintenant un an, Rodin m’accompagne deux fois par semaine. Le projet est en cours d’écriture afin d’être validé en CME par les médecins. Cela permettra de passer de la phase d’expérimentation à une mise en place de la médiation animale comme faisant partie intégrante de la prise en charge de certains patients. L’infirmière hygiéniste écrit le protocole afin que Rodin puisse, à terme, intervenir dans la chambre de certains patients, ceux ne pouvant se lever ou bien ceux en fin de vie. La demande d’intervention se fera sur prescription médicale et ce sera à moi de valider la pertinence d’une telle intervention, que ce soit pour le patient mais aussi pour Rodin. C’est à moi de veiller à son bien-être.

 

Depuis un an, Rodin est content de venir travailler avec moi. Nous avons un code : un bandana vert. Si je lui montre, il sait que nous allons au travail ensemble, sinon il sait qu’il reste à la maison (et il fait sa tête de conti ces jours-là). S’il s’assoie et accepte que je lui mette, alors c’est qu’il est d’accord pour venir. Le jour où il refusera, il faudra que je l’écoute et que je respecte son choix.

 

 

« L’animal ne se nourrit pas d’attentes idéalisées envers les humains, il les accepte pour ce qu’ils sont et non pas pour ce qu’ils devraient être. » Boris Levinson (Pionnier de la Zoothérapie)

 

 

 

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